Manuel de gestion du patrimoine routier
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2.4.3.3 Initier une planification sur le cYcle de vie

Les éléments d'entrée pour la planification du cycle de vie sont les suivants :

Inventaire des actifs : il s'agit du nombre, de la taille et/ou des dimensions des actifs à analyser. Pour un projet d'entretien de la chaussée, il s'agira de la longueur et de la largeur de la zone de traitement.
Période d'analyse : Il s'agit de la durée sur laquelle les coûts de maintenance doivent être évalués. Elle doit s'étendre sur au moins un cycle de vie complet du bien/traitement considéré. Une fois qu'une période d'analyse a été choisie, elle doit être appliquée de manière cohérente à toutes les options de maintenance envisagées. Si ce n'est pas le cas, il sera impossible d'établir des comparaisons significatives entre les plans de cycle de vie.
Options de traitement : Une option de traitement doit être choisie pour le plan de cycle de vie et peut être prescrite pour chaque stratégie de maintenance. Les options peuvent aller de travaux superficiels à petite échelle au remplacement ou à la reconstruction importante. Une gamme d'options de matériaux ou de types de spécifications doit être envisagée. Pour un projet d'entretien de la chaussée, les options de traitement comprendront probablement une gamme de profondeurs de traitement.
Durée de vie : La durée de vie d'un bien ou d'un traitement déterminera le calendrier des futures interventions de maintenance. L'utilisation de durées de vie réalistes et réalisables est d'une importance primordiale dans la planification du cycle de vie. Les durées de vie doivent être déterminées localement et reposer sur un certain nombre de facteurs, notamment l'historique des performances, le type de matériau, les spécifications (y compris les règles de l’art  et la qualité de l'exécution), l'environnement local et la demande (comme les niveaux de trafic et la consommation d'énergie, qui ne s'appliquent pas nécessairement à tous les actifs). Ces facteurs sont basés sur l'expérience pratique, mais ils pourraient être modifiés pour s'adapter aux pratiques locales ou aux antécédents de performance.
Prix unitaires : Il s'agit du coût par unité de mesure (nombre/longueur/surface/volume) pour entretenir un bien ou une partie d'un bien. Il peut s'agir, par exemple, du prix au mètre carré pour appliquer un traitement de surface particulier à une chaussée ou du coût de remplacement d'un seul mât d'éclairage. Il est important que l'ingénieur apprécie ce qui est inclus dans un taux particulier et qu'il soit conscient de toutes les hypothèses qui ont été utilisées pour en calculer la valeur. Cela est considéré comme essentiel pour parvenir à un coût précis des travaux.
Coûts des travaux : Il s'agit du coût direct des activités de maintenance planifiée sur le site. Des prix unitaires sont utilisés pour estimer le coût des travaux. Les coûts d’ installation de chantier, de gestion du trafic et des travaux préliminaires doit être inclus.
Coûts d'entretien courant : Il s'agit des coûts (directs) permanents liés au maintien d'un bien dans un état sûr et fonctionnel. Ces coûts excluent les activités cycliques telles que le balayage et le nettoyage (car il s'agit normalement de dépenses constantes qui ne varient pas en fonction des stratégies ou des types de traitement). Les coûts d'entretien courant doivent être pris en compte dans les plans de cycle de vie si des stratégies d'entretien concurrentes sont susceptibles d'entraîner des coûts permanents sensiblement différents.
Taux d’actualisation : L'actualisation est une technique utilisée pour comparer les coûts (et les bénéfices) qui se produisent à différents moments de la période d'analyse. Elle consiste à ajuster ces coûts (et avantages) futurs à leur valeur actuelle. Cette pratique permet de comparer des options de maintenance concurrentes sur une base commune, en ce sens qu'une fois qu'un taux d'actualisation a été sélectionné, il doit être appliqué de manière cohérente à toutes les options de maintenance envisagées. Dans le cas contraire, il sera impossible d'établir des comparaisons significatives entre les résultats de l'évaluation des coûts sur l'ensemble du cycle de vie.

Les résultats du processus de cycle de vie sont les suivants :

Stratégie d'investissement : Les stratégies d'entretien, le calendrier et les coûts (directs et indirects) déterminés ci-dessus permettront de produire un profil montrant les investissements futurs pour chaque année de la période d'analyse. En analysant les profils de coûts d'un programme de travaux, il est possible d'identifier les cas futurs où des travaux importants sur plusieurs projets pourraient coïncider au cours d'une même année. Ces cas peuvent poser des problèmes de financement à l'avenir (et créer des problèmes de gestion de réseau et de charge de travail). D'autres stratégies de maintenance peuvent alors être envisagées pour atténuer les pics de demande.
Coût actualisé des travaux: Il s'agit du coût actuel net de tous les besoins futurs en matière de maintenance. Il fournit une base de comparaison des différentes options de maintenance et indique le niveau d'investissement qui sera nécessaire pour faire face aux dépenses futures.

Une fois que le besoin de maintenance a été identifié, les paramètres d'entrée ci-dessus peuvent être utilisés pour entreprendre une analyse du cycle de vie en considérant la stratégie de maintenance à adopter :

Ne rien faire : dans le cadre de cette stratégie, l'organisation entreprendrait des réparations curativess pour les seuls défauts de sécurité. Ces réparations seront probablement superficielles et peut-être de nature temporaire. Les réparations n'arrêteraient pas le déclin de l'actif et de fréquentes inspections seront probablement nécessaires. À court terme, les coûts d'entretien courant seront probablement élevés en raison de la responsabilité permanente à assurer.
Faire le minimum : Dans le cadre de cette approche, l'organisation cherche à effectuer le minimum de travaux d'entretien courant pour maintenir le bien en sécurité et en état de marche. Les travaux seront normalement limités à la réparation des défauts de sécurité; les réparations seront normalement de nature permanente, bien qu'elles n'ajoutent aucune valeur à l'actif.
Dans le cadre d'un projet de chaussée, cette approche pourrait se limiter à la réparation permanente des nids de poule uniquement. Ces réparations seraient entreprises de manière isolée ou pourraient s'étendre à de petites parcelles.
Faire quelque chose : cette approche est susceptible d'impliquer des dépenses d'investissement de la part d'une organisation plutôt que des dépenses d’entretien courant. Elle peut inclure le remplacement important ou une réparation majeure d'un bien à un niveau qui améliorera sa durabilité à long terme et réduira au minimum l'entretien courant futur. Une approche proactive peut également être adoptée, ce qui signifie que la réparation a lieu avant que le niveau d'intervention ne soit atteint. Dans le contexte d'un projet de chaussée, cette approche pourrait prévoir le traitement d'une section de chaussée classée comme nécessitant un entretien.
Il est recommandé d'évaluer plus d'une stratégie "Faire quelquechose" pour chaque stratégie de maintien afin d'explorer la gamme des types de traitement disponibles. Pour les stratégies "Faire quelquechose", il faut tenir compte du moment où l'intervention de maintenance initiale doit être effectuée. Les options peuvent inclure

  • Engager les opérations sauvegardant la valeur de l’actif (capital) dans les meilleurs délais et
  • Reporter de quelques années ces entretiens du capital tout en maintenant l'état de sécurité et de fonctionnement en n'effectuant que l'entretien courant.

Si cette dernière option (différée) est choisie, les coûts supplémentaires d'entretien courant doivent être inclus dans le plan de cycle de vie. Dans le cadre d'un projet de chaussée, les approches ci-dessus pourraient être choisies. Par exemple, une chaussée approchant de la fin de sa durée de vie utile peut présenter des défauts de surface, tels que des nids de poule. Si le traitement initial est différé, il faudra alors, pendant la période de report, réexaminer le site (et peut-être même en élargir l’emprise) afin de réparer ces défauts. Les coûts de ces réparations doivent être inclus dans le plan de cycle de vie. Si le traitement initial est reporté, la structure de la chaussée peut se détériorer davantage. Cela peut entraîner la nécessité d'un traitement plus important que celui qui aurait été mis en œuvre si le site avait été réparé plus tôt. En considérant une plage de stratégies de traitement et de permutations sur les types et calendriers de l'intervention initiale, une stratégie d'entretien optimale peut être déterminée.

 

La stratégie de maintenance ayant la valeur actuelle nette (VAN) la plus faible est généralement considérée comme l'option la plus économiquement avantageuse (voir figure 2.4.3.3). L'évaluation des coûts sur toute la durée de vie n'est qu'un facteur parmi d'autres lors de la sélection de l'option de maintenance préférée. D'autres facteurs, tels que le jugement technique, l'exploitation du réseau, la constructibilité, l'accessibilité financière et la gestion des risques, exigent également d’être pris en considération.

Figure 2.4.3.3 Comparaison des strategies de maintenance (UKRLG et HMEP,2013)

Une organisation peut mettre en œuvre le processus ci-dessus en fonction de ses compétences et capacités, y compris la disponibilité des données et les modèles de performance, comme suit :

Lorsque les données disponibles sont insuffisantes, une approche plus fondamentale de la planification du cycle de vie peut suffire pour répondre aux besoins de l'organisation. Cependant, même les approches simplifiées nécessitent des données sur la hiérarchie des actifs, l'inventaire et la durée de vie (durée de vie estimée de l'option de traitement). Cette approche peut exiger que des hypothèses soient faites sur la base de l'expérience et des connaissances locales/techniques du personnel impliqué dans le processus. Cette expérience et ces connaissances peuvent porter sur les montants ainsi que sur les performances actuelles et futures prévues de l'actif. Toute hypothèse doit être documentée et tout risque important doit être exposé.

Une approche plus avancée nécessitera probablement des données de meilleure qualité pour la modélisation des performances ou de la détérioration afin de déterminer la durée de vie des traitements proposés (comme décrit ci-dessus). Par la suite, des investissements supplémentaires dans des outils de collecte de données et de gestion des actifs peuvent être nécessaires pour analyser et interroger ces données. Lorsque c'est le cas, il convient de justifier tout investissement supplémentaire en se basant sur les avantages et les gains d'efficacité qui peuvent être obtenus en adoptant une approche plus avancée.

 

Références

No reference sources found.