Manuel de gestion du patrimoine routier
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3.1.4 Étapes de déploiement du PGP

Les étapes proposées pour l'élaboration du PGP sont résumées et expliquées ci-dessous.

Étape 1 : Établir un inventaire du patrimoine 

L'inventaire ou le registre du patrimoine est une base de données ou un inventaire sur tableur de tout le patrimoine ou d'un service pour lequel le plan de gestion du patrimoine est en cours d'élaboration. Il doit au minimum inclure le patrimoine des chaussées et des ponts. L'inclusion d'autres patrimoines physiques est recommandé.

Étape 2 : Évaluer les performances et les modes de défaillance (AIPCR 2013)

1.    L'évaluation de l'état du patrimoine a deux objectifs :

  • Identifier les besoins d'entretien et de réhabilitation ;
  • Pour surveiller la santé du patrimoine.

Pour identifier les besoins de réhabilitation et d'entretien, l'évaluation de l'état doit être effectuée en temps utile (généralement une fois par an ou tous les deux ans) et être détaillée. L'évaluation de l'état nécessite l'identification des dégradations, tels que les fissures transversales dans les chaussées, les réseaux de drainage bouchés ou les fuites de toit, et l'évaluation de leur gravité et de leur étendue. La surveillance de ce niveau détaillé de l'état présente plusieurs avantages :

  • Des informations détaillées sur l'état de l'équipement sont disponibles pour la conception des activités de maintenance préventive et de réhabilitation.
  • Les types de dégradations et le taux de détérioration sont suivis pour chaque actif afin d'identifier les moyens d'améliorer les pratiques actuelles de conception et de construction.
  • Une meilleure prévision des besoins futurs et une estimation plus précise de l'état du réseau et des estimations budgétaires sont probables.

2.    L'évaluation de l'état des biens soumis à des inspections réglementaires suit des normes spécifiques d'évaluation de l'état.

La performance du patrimoine comporte les trois composantes principales suivantes :

  • Coût de fonctionnement ;
  • L'utilisation ;
  • Etat du patrimoine

Le coût d'exploitation, l'utilisation et l'état du patrimoine doivent être connus pour estimer l’échéance de chacun des modes de défaillance possibles suivants :

  • Probabilité et calendrier du point d’échec économique ;
  • Probabilité et calendrier du point d’échec des capacités par rapport aux prévisions de la demande ;
  • Probabilité et calendrier du point d’échec physique et fonctionnel.

3.    Évaluer le point d’échec économique :

 Un patrimoine a atteint un point d'échec économique lorsqu'il n'est plus compétitif par rapport aux options d'actifs disponibles sur le marché pour assurer une fonction identique ou améliorée. Une analyse de rentabilité comprenant une analyse du coût du cycle de vie des solutions alternatives possibles est généralement requise avant de procéder au renouvellement du patrimoine.

4.    Évaluer le point d’échec des capacités :

L'actif n'a pas la capacité d'atteindre les performances prévues.

Étape 3 : Déterminer la durée de vie résiduelle

La vie résiduelle est déterminée une fois que la probabilité et le moment de la défaillance imminente sont connus. La durée de vie résiduelle est le temps qui s'écoule avant la défaillance et est particulièrement importante pour la gestion des actifs à coût élevé et à haut risque (à conséquences élevées). Une prédiction du temps avant la défaillance permet au gestionnaire d'actifs de lancer un processus de planification pour le renouvellement de l'actif avant d'encourir les coûts et les conséquences de l’échec sur le niveau de service.

Étape 4 : Déterminer les coûts de cycle de vie et de remplacement

Le calcul du coût du cycle de vie (CCV) consiste à déterminer tous les coûts de possession et d'exploitation de l'actif, depuis la planification jusqu'à sa mise hors service ou son remplacement.

Le coût du cycle de vie d'un actif est déterminé comme suit :

LCC = coût du capital + coûts d'exploitation sur la durée de vie + coûts d'entretien sur la durée de vie + coûts d'élimination - valeur résiduelle

Les coûts du cycle de vie sont en grande partie verrouillés au stade de la conception, ce qui indique que la collaboration entre le personnel d'exploitation, de maintenance et de conception est une exigence essentielle lors de la conception de nouvelles installations ou de la modification d'installations existantes, tout comme la nécessité de comparer les coûts du cycle de vie complet pour trouver des solutions de rechange réalisables.

Étape 5 : Déterminer la demande future

Cette étape permet d'évaluer l'impact potentiel de la demande future sur le patrimoine de transport. Les facteurs à prendre en compte pour aider à prévoir les nouvelles demandes peuvent inclure
•    La croissance ou la baisse du trafic due à :

 

  • Croissance de la population o Modification de l'utilisation des sols (par exemple, urbanisation)
  • Facteurs économiques (évolution du produit intérieur brut, augmentation ou diminution des revenus, etc.) 
  • Changements sociaux (niveau de vie, urbanisation ou suburbanisation, etc.) 
  • Changements technologiques (véhicules connectés et autonomes) 
  • Transports alternatifs (covoiturage, vélo, transports en commun, etc.) 
  • Congestion (redistribution du trafic)
  • Facteurs politiques (taxes sur les transports, péages et tarification des encombrements)

•    Les facteurs environnementaux tels que :

  • Changement climatique
  • Demande de résilience des infrastructures face à des catastrophes telles que les inondations et les tsunamis 

Mesures à prendre pour déterminer la demande future :

  • Déterminer les facteurs qui pilotent la demande de service
  • Effectuer une prévision pour déterminer la demande
  • Évaluer les risques et leurs impacts sur la demande prévue

Les évaluations de la fiabilité des prévisions du trafic futur sont classiquement :

  • Minimum : Basé sur l'expérience des prévisions du personnel en tenant compte de la connaissance des tendances passées de la demande et des modèles de croissance probables.
  • Faible : basé sur une projection robuste d'un facteur de demande primaire (par exemple : la croissance démographique) et l'extrapolation des tendances historiques. L'évaluation du risque associé à l'évolution de la demande est largement comprise et documenté.
  • Moyenne : basée sur une analyse mathématique des tendances passées et des facteurs de demande primaires. Une série de scénarios de demande sont élaborés (par exemple, faible, moyen et élevé).
  • Haut : Basé sur une analyse mathématique des tendances passées et des facteurs de demande primaires. Une série de scénarios de la demande sont élaborés en tenant compte des risques et en identifiant les options d'atténuation.

Étape 6 : Déterminer le risque commercial (criticité)

Cette étape permet d'identifier le patrimoine critique, c'est-à-dire les actifs dont le coût est élevé et/ou qui entraînent des niveaux de service préjudiciables et des conséquences importantes en cas de défaillance. En comprenant où se situent les plus grands risques, il est possible de concentrer les investissements et l'attention là où ils sont les plus importants et d'atténuer activement les risques non tolérables grâce au processus de planification de la gestion des actifs.
L'exposition au risque est calculée comme suit :

Exposition au risque = probabilité d'échec x conséquence de l'échec

Étape 7 : Optimiser les investissements d'exploitation et de maintenance

L'optimisation des investissements en matière d'exploitation et d'entretien exige que les stratégies soient activement prises en compte afin de répondre aux exigences de performance du niveau de service d'un actif. Une enquête informelle réalisée par le comité dans le cadre de l'élaboration du présent guide a indiqué que 6 % des personnes interrogées n'effectuaient qu'une maintenance réactive, et 46 % ont déclaré que leur maintenance était quelque peu proactive mais surtout réactive.

Étape 8 : Optimiser l'investissement en capital

Les étapes 1 à 7 ont fourni les informations suivantes :

1.    Une tableau du registre du patrimoine sur laquelle on peut construire l'analyse de la planification de la gestion du patrimoine ;
2.    État de chaque actif et mode de défaillance probable ;
3.    Durée de vie restante probable ou moment de la défaillance de l'actif ;
4.    Coût de remplacement actuel de chaque actif ;
5.    Niveaux de service actuels et ciblés ;
6.    Identification des actifs critiques à l'aide d'une méthode de calcul de la note d'exposition au risque ;
7.    Coûts d'exploitation et de maintenance actuels et futurs probables après examen des stratégies de maintenance et d'exploitation pour atteindre les objectifs de niveau de service.

L'étape 8 consiste à rassembler les données et les informations établies aux étapes 1 à 7 afin d'évaluer les meilleures stratégies d'exploitation, de maintenance et d'investissement en capital nécessaires pour fournir le niveau de service requis au meilleur coût et au meilleur niveau d'exposition au risque. Ce processus est souvent appelé "optimisation".

Étape 9 : Déterminer la meilleure stratégie de financement

Cette étape évalue les stratégies de financement disponibles pour la mise en œuvre des investissements déterminés aux étapes 1 à 8 du plan de gestion du patrimoine
Le personnel de gestion du patrimoine fournit aux analystes financiers les besoins d'investissement présents dans les package de financement en utilisant les règles et les politiques établies par l'agence de transport pour l'allocation des coûts aux clients et aux autres sources de financement. Le plan de gestion du patrimoine doit comprendre une analyse de l'impact des frais pour les dépenses d'entretien, d'exploitation et d'investissement proposées, nécessaires pour atteindre les niveaux de service prescrits au cours de la période de planification. Cette information représente alors l'augmentation (ou la diminution) nette du coût du service associé au plan.

Étape 10 : Documenter le plan de gestion du patrimoine

L'étape 10 est la dernière étape du processus et concerne la mise en forme des informations du plan de gestion du patrimoine pour bien communiquer avec les opérateurs et les décideurs exécutifs. 

Références

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